Tout au long de l'année 2024, Bretagne Grands Migrateurs lance une chronique sur la continuité écologique "Circulez !". Aujourd'hui, le cinquième épisode...
Trois grands types d’opérations existent pour réduire voire annuler les impacts négatifs sur la migration des poissons migrateurs :
- Le dérasement ou arasement du seuil,
- La gestion de l’ouvrage (des vannages par exemple),
- L’aménagement d’un dispositif de franchissement.
Aucune solution n’est définie à l’avance !
Dans tous les cas, une réflexion doit être menée en concertation avec le(s) propriétaires et les partenaires techniques et financiers pour trouver la solution qui apportera le meilleur gain écologique tout en tenant compte de l’intérêt et des usages liés à l’ouvrage.
En effet, la solution retenue devra être étudiée au cas par cas et prendre en compte les espèces cibles, les débits et leur répartition sur le site, les variations de niveaux d’eau, la hauteur de chute, le transport des sédiments, la configuration du site et les contraintes topographiques, les enjeux et usages locaux et enfin la problématique de l’entretien ultérieur.
Plusieurs solutions existent pour réduire voire annuler les impacts négatifs des obstacles sur la migration des poissons migrateurs...
Un enjeu majeur : le rétablissement de la continuité écologique
Les différents types de passes à poissons (ICE, 2014)
- Les passes à bassins successifs :
Leur principe consiste à diviser la hauteur à franchir en plusieurs petites chutes formant une série de bassins. Le passage de l'eau d'un bassin à l'autre peut s'effectuer soit par déversement de surface, soit par écoulement à travers un ou plusieurs orifices aménagés dans la cloison séparant deux bassins, soit encore par écoulement par une ou plusieurs fentes ou échancrures.
- Les rampes en enrochements :
Elles consistent à relier le bief amont et aval par un chenal dans lequel l'énergie est dissipée par des rugosités de fond et de parois et/ou par une succession d'obstacles (blocs, épis, seuils…) plus ou moins régulièrement répartis de sorte à créer une voie de passage. Ce sont des dispositifs qui reproduisent grossièrement les caractéristiques d’un cours d’eau naturel à forte pente.
- Les passes à ralentisseurs :
Le principe consiste à disposer, dans un canal rectiligne à pente relativement forte et de section rectangulaire, des déflecteurs sur le fond et/ou les parois destinés à réduire les vitesses moyennes de l'écoulement. Ces déflecteurs, de formes plus ou moins complexes, donnent naissance à des courants secondaires hélicoïdaux qui assurent une forte dissipation d'énergie au sein de l'écoulement.
- Les passes spécifiques à anguilles :
Pour les stades subadultes ou adultes, il est souvent possible de concevoir des dispositifs « traditionnels » adaptés à l’espèce ou d’optimiser les ouvrages existants par ajouts de rugosités de fond, réduction des chutes… Par contre, pour les plus jeunes stades, au vu de leurs capacités de nage très limitées, des dispositifs spécifiques sont généralement proposés et reposent sur les capacités de reptation des individus.
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Les obstacles doivent également permettre la circulation des poissons lors de leur descente vers la mer :
- Des aménagements sont conçus pour empêcher les poissons d'accéder aux turbines des centrales hydroélectriques (grille),
- L'installation de turbines ichtyophiles minimise les mortalités et blessures des poissons lors de leur passage dans ce type d'équipement.
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Source : Cellule migrateurs Charente-Seudre, 2011
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Quelles actions en faveur de la continuité écologique en Bretagne ?
De nombreuses actions de restauration de la continuité écologique fleurissent depuis plus de 20 ans à l’initiative des syndicats de bassins versants, collectivités, fédérations de pêche, associations, Etat… En 2022, sur près de 1700 ouvrages recensés dans le Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (ROE) sur les cours d'eau bretons en liste 2 du classement L214.17 du Code de l’environnement, 284 ouvrages ont fait l'objet de travaux de restauration de la continuité écologique entre 2007 et 2022. En tout, 20 % des obstacles sont équipés d’1 ou 2 dispositifs de franchissement en Bretagne, principalement des passes à bassins (25%) et des passes à ralentisseurs (24%).
Pour tout savoir sur les travaux en faveur de la continuité écologique en Bretagne, rendez-vous sur le site de l’Observatoire des poissons migrateurs en Bretagne : https://www.observatoire-poissons-migrateurs-bretagne.fr/le-cadre-operationnel/bilan-des-actions-de-restauration-de-la-continuite-ecologique-depuis-2007
Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel article !