Le rapport final du projet RENOSAUM vient de paraitre.
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Réunis au sein du pôle R&D sur les poissons migrateurs, l'OFB, l'INRAe, l'Institut Agro et l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) ont décidé d'oeuvrer conjointement dans le cadre du projet RENOSAUM (RENOvation de la stratégie de gestion du SAUMon en Bretagne) pour définir de nouvelles limites de conservation pour les populations de saumon bretonnes en vue de définir un nouveau modèle de gestion du saumon en Bretagne.
Le projet RENOSAUM se décline en 2 phases de travail :
Phase 1 : La définition des limites de conservation (2017-2019)
En juin 2019, le COGEPOMI a validé la définition de nouvelles limites de conservation du saumon qui reposent sur une définition simple de la conservation : limiter le risque de faibles recrutements en juvéniles de saumon. Sachant que le recrutement varie fortement et aléatoirement, même en contrôlant le nombre de reproducteurs, un événement de faible recrutement peut toujours survenir. Ainsi, les nouvelles limites de conservation sont définies comme le nombre de reproducteurs qui permet de maîtriser le risque d'un faible recrutement.
En accord avec les recommandations internationales de l’Organisation pour la Conservation du Saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN), cette nouvelle définition :
- prend en compte le contrôle d’un risque, celui de produire de faibles recrutements,
- donne la priorité à la conservation de l’espèce et non plus à la maximisation des prélèvements (comme dans la gestion actuelle par TAC).
Application en Bretagne
Pour les rivières bretonnes, le COGEPOMI Bretagne a retenu la définition opérationnelle de la conservation suivante :
« Ne pas risquer d’être en dessous de la moitié de la capacité d'accueil plus d'1 année sur 4 ».
NB : La capacité d’accueil correspond à la production de juvéniles que l’on pourrait obtenir en moyenne si le nombre de géniteurs n’était jamais limitant (toujours très grand).
Exception faite sur le Léguer et l’Elorn où une ambition complémentaire est ciblée : « Ne pas risquer d’être en dessous de 75 % de la capacité d'accueil plus de 2 années sur 5 ». Sur le Blavet et l’Aulne, rivières canalisées, une réflexion complémentaire sera à mener.
Pour en savoir plus : lien vers la page RENOSAUM du site Internet de l’Observatoire des poissons migrateurs
Phase 2 : Définition d’un nouveau modèle de gestion (2020-2022)
Dans un optique de gestion donnant la priorité à la conservation, il convient de limiter l’exploitation. 3 options de régulation de l’exploitation par pêche du saumon sont identifiées :
- Limiter les prélèvements en-dessous d’une quantité fixe chaque année (dispositif actuel avec une gestion par TAC chaque année et une fermeture de la pêche si le TAC est atteint)
système appliqué en France (Bretagne / Normandie), Norvège, Finlande et Irlande
- Limiter le taux d’exploitation en-dessous d’un niveau fixe chaque année :
Dans ce cas, la fermeture de la pêche peut être calée en fonction du rythme de remontée des adultes pour s’assurer qu’une certaine proportion de la population échappe aux prélèvements. Cette option nécessite de déterminer le rythme de remontée ce qui peut être fait à partir des données aux stations de comptage existantes (Aulne, Elorn et Scorff).
Exemple : Ne pas prélever plus de 15 % des adultes qui remontent la rivière
Système appliqué pour le saumon du Pacifique
- Assurer un échappement reproducteur au-dessus d’un niveau minimum chaque année :
Dans ce cas, la pêche n’est ouverte que si la limite d’échappement est dépassée. Les années où les retours sont inférieurs à la limite d’échappement reproducteur, la pêche est interdite. Cette option ne peut être mise en œuvre efficacement que sur les rivières possédant des stations de comptage (Aulne, Elorn et Scorff) car elle nécessite de suivre en continu les retours d’adultes pour caler la date d’ouverture.
Exemple : S’assurer qu’au moins 150 reproducteurs sont remontés dans la rivière avant d’exploiter
Système préconisé par le CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer)
A titre de première illustration, 2 scénarios par option de régulation ont été testés par l’INRAe :
- Scénario pro-conservation : On ne peut pas exploiter plus que ce que l’on exploite en moyenne depuis 10 ans
Exemple : Pour l’option de régulation « limiter les prélèvements », le TAC est fixé aux prélèvements moyens observés ces 10 dernières années (un TAC castillon et un TAC saumon de printemps).
- Scénario à exploitation plus intense : On ne peut pas exploiter plus de 3 fois ce que l’on exploite en moyenne depuis 10 ans
Exemple : Pour l’option de régulation « limiter les prélèvements », le TAC est fixé à trois fois les prélèvements moyens observés ces 10 dernières années (un TAC castillon et un TAC saumon de printemps).
Ces 6 scénarios (3 options de régulation x 2 scénarios) ont été comparés à 3 scénarios de référence :
- Scénario sans pêche
- Mode de gestion actuel (limitation des prélèvements aux TAC actuels dans les conditions actuelles d’intensité de l’exploitation)
- On exploite 3 fois plus intensément qu’avec le mode de gestion actuel
Ces 9 scénarios sont évalués à l’aide de critères de performances relatifs à :
- La conservation : Un seul critère a été choisi, le risque de produire de faibles recrutements en conformité avec la définition de la conservation retenue par le COGEPOMI.
- L’exploitation : 4 critères de performances ont été définis, à savoir, les prélèvements moyens de castillons et de saumons de printemps et la probabilité de capturer 3 fois moins de castillons et de saumons de printemps que ces 10 dernières années.
Les simulations réalisées suivant les scénarios définis ci-dessus permettent de distinguer 3 groupes de rivières :
- Le groupe « Penzé / Goyen / Ellé / Scorff / Léguer** / Elorn** » pour lequel la conservation est toujours respectée pour chacun des scénarios testés.
- Le groupe « Couesnon / Douron / Aven / Blavet* » pour lequel le respect de la conservation dépend du scénario considéré.
- Le groupe « Odet / Aulne* / Mignonne-Camfrout-Le Faou / Queffleuth / Yar / Jaudy / Trieux / Leff » qui ne respecte jamais la conservation pour aucun des scénarios testés.
* : Une réflexion particulière sera à mener sur les rivières canalisées de l’Aulne et du Blavet ; ni la conservation ni les limites n’ont été définies. Pour autant, dans le cadre de cet exercice, la définition de la conservation utilisée est la même pour toutes les rivières à savoir, « ne pas risquer d’être en dessous de la moitié de la capacité d’accueil plus d’1 année sur 4 ».
** : Le Léguer et de l’Elorn n’atteignent cependant pas actuellement la cible plus ambitieuse retenue par le COGEPOMI « Ne pas risquer d’être en dessous de 75 % de la capacité d'accueil plus de 2 années sur 5 » et ce quel que soit le scénario testé.
Suite à la phase de concertation menée en 2021 auprès des instances de la pêche, les propositions remontées par les structures de la pêche ont été testées par l'INRAE. Les résultats de ces nouvelles simulations ont été présentés et discutées au 2nd semestre 2022 au sein du COGEPOMI en vue de définir et valider un nouveau modèle de gestion du saumon en Bretagne à appliquer à partir de 2023.
L'arrêté s’inscrit dans la continuité de l’organisation mise en place précédemment : pas de modification des dates d’ouvertures de la pêche et maintien du système par TAC. Ces deux points étaient importants pour les instances de la pêche, pour conserver un système qui aujourd’hui est bien intégré et accepté par les pêcheurs de saumon.
Les évolutions concernent principalement :
- la fermeture à la pêche du saumon sur les cours d’eau pour lesquels les critères de conservation des populations de saumons ne sont pas garantis, et ceux pour lesquels les données sont trop parcellaires pour statuer sur l’état de conservation
Le nombre total de capture de saumon de printemps autorisé au niveau régional est passé de 602 jusq'en 2022 à 402 en 2023.
Cours d'eau
|
TAC pour les saumons de plusieurs hivers de mer (saumons de printemps)
|
COUESNON |
25 |
GOUET |
2 |
LEFF |
5 |
TRIEUX |
25 |
JAUDY |
5 |
LEGUEUR |
50 |
DOURON |
10 |
PENZE |
15 |
ELORN |
20 |
AULNE |
15 |
GOYEN |
15 |
ODET + JET+STEIR |
25 |
AVEN |
20 |
ELLE + ISOLE + LAITA |
70 |
SCORFF |
45 |
BLAVET |
55 |
Sur les bassins du Dourduff, Jarlot, Queffleuth, Flèche, Aber Wrac'h, Aber Ildut, Aber Benoit, Mignonne-Camfrout-Faou, Belon, Kergroix et Douffine, le TAC est nul.
- la suppression du TAC pour les castillons
La pêche du castillon est autorisée après le 15 juin uniquement sur les cours d'eau dont le TAC saumon de pritntemps n'est pas nul.